Chaque acte de générosité compte
La dernière fois que Catherine Conteh a vu ce visage familier qui lui souriait à Freetown, c’était dans des circonstances radicalement différentes.
Fraîchement débarquée d’Australie, Catherine est arrivée sur le quai à côté du Global Mercy™ où elle a été accueillie par Aly Hogarth-Hall – un visage qu’elle n’avait pas vu depuis 30 ans. Sans Aly, ses 30 dernières années – ainsi que la vie de sa fille et de son petit-fils – n’auraient sans doute pas été possibles.
Garder espoir
Leur première rencontre a eu lieu dans un hôpital de Sierra Leone, où Catherine, âgée de 18 ans, vivait un accouchement très difficile depuis quatre jours. Catherine et son mari, Augustine, comptaient les jours qui les séparaient de la naissance de leur premier enfant, mais les choses ont pris une tournure terrifiante lorsque le bébé est resté bloqué pendant l’accouchement. N’ayant pas les moyens de s’offrir une césarienne, Catherine n’a eu d’autre choix que d’attendre.
Malheureusement, la situation de Catherine n’est pas unique en son genre. En Sierra Leone, 717 mères meurent chaque année pour 100 000 naissances vivantes. Selon l’OMS, il s’agit de l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde.
Catherine se sentait impuissante, comme si toutes ses forces l’abandonnaient. Elle savait au fond d’elle-même qu’elle risquait de mourir : « Je vais perdre la vie si rien n‘arrive. C’est ce que je pensais dans mon cœur. »
Mais elle a gardé espoir...
Un acte de générosité venant d'inconnus
C’est là qu’Aly, une infirmière néo-zélandaise qui faisait du bénévolat pour Mercy Ships, a croisé son chemin pour la première fois. Après avoir entendu les cris de douleur de Catherine, Aly s’est renseignée. Elle a été stupéfaite par ce qu’elle a appris.
Aly se souvient : « Alors que Catherine était en travail depuis quatre jours, l’infirmière m’a dit qu’elle et son bébé allaient mourir. La manière dont elle m’a dit cela, très factuelle, m’a vraiment choquée. La fin était attendue, sans que personne intervienne. Je n’avais jamais rien vu de tel. Je ne savais pas quoi faire, alors j’ai prié. »
Le Dr Keith Thomson, anesthésiste bénévole britannique chez Mercy Ships, visitait l’hôpital avec Aly, et l’a rejointe dans la pièce. En entendant l’histoire de Catherine, il a ressenti la nécessité impérieuse de l’aider et a décidé de financer personnellement l’intégralité de l’opération.
Catherine a été rapidement emmenée en salle d’opération pour sa césarienne. Malgré le stress des quatre jours de travail, Catherine et son bébé, une fille nommée Regina, étaient en parfaite santé.
« Aly a prié pour moi. Parce que prier pour quelqu’un, c’est un véritable acte de générosité. »
Après l’accouchement, Aly et Gina, une autre bénévole de Mercy Ships, sont restées en contact étroit avec Catherine. Elles lui ont rendu visite à l’hôpital pendant sa convalescence. Elles lui ont apporté de la nourriture, l’ont fait rire et ont admiré sa petite fille. Alors qu’elles étaient des inconnues quelques jours auparavant, Catherine et Aly ont rapidement noué des liens très proches, de ceux qui naissent d’une rencontre qui change la vie.
« Je l’appelle ‘sœur‘ et elle m’appelle ‘sœur‘ », dit Catherine, « parce qu’il faut un cœur pur et un amour pur pour rencontrer quelqu’un et l’aimer immédiatement et inconditionnellement. »
Une reprise de contact après des années de séparation
Leurs routes se sont séparées lorsque Aly est retournée en Nouvelle-Zélande et que Catherine a obtenu l’asile en Australie à la suite du conflit grandissant en Sierra Leone, son pays d’origine. Les deux femmes se sont perdues de vue au fil des ans, mais Catherine a toujours gardé Aly dans son cœur. Le fait de savoir que les actes de générosité de ces bénévoles avaient sauvé non seulement sa vie, mais aussi celle de sa fille, la touchaient profondément, laissant une trace durable bien après l’intervention chirurgicale.
Des années plus tard, Catherine a reçu un message inattendu du Dr Thomson lui demandant si elle souhaitait obtenir les coordonnées d’Aly. Catherine n’a pas hésité et, peu de temps après, elle était au téléphone, accueillie par une voix familière à l’autre bout du fil.
« Entendre à nouveau sa voix, après presque trois décennies, était vraiment émouvant… Notre souhait à toutes les deux est de nous voir physiquement et de nous serrer dans les bras. »
Des retrouvailles après 30 années
Quelque 30 ans plus tard, le 1er octobre 2023, cet espoir s’est enfin concrétisé. C’était la première fois qu’elles se voyaient depuis la chambre d’hôpital de Freetown où Catherine s’était rétablie. Aly est bénévole à bord du Global Mercy pendant sa mission de 10 mois en Sierra Leone. Pour Catherine, également bénévole dans la salle à manger du navire-hôpital, ce moment avait une signification encore plus profonde : « Je rentre à la maison pour servir, non seulement Mercy Ships, mais aussi mon pays. »
Et pour Catherine, bien que sa rencontre avec Mercy Ships ait changé le cours de sa vie il y a longtemps, c’était la première fois qu’elle montait à bord de l’un des navires-hôpitaux.
Elle a expliqué qu’elle avait fait le voyage depuis l’Australie, encouragée par sa fille Regina, aujourd’hui âgée de 30 ans et mère d’un garçon. Regina, inspirée par l’histoire de sa naissance, est également devenue infirmière et a même fait du bénévolat pour Mercy Ships dans le passé.
Lorsqu’elle a tourné au coin du quai et que le navire-hôpital est apparu, Catherine a été sous le choc d’une vive émotion. Puis le visage d’Aly est apparu, qui l’attendait pour l’accueillir. C’était un moment dont elle rêvait depuis des années. Pour les deux bénévoles, ces retrouvailles ont déclenché une joie immense – et ont fait remonter de vieux souvenirs.
« La revoir en personne, je n’arrivais pas à y croire », a déclaré Catherine. « Nous avons pleuré et pleuré. »
Pendant le temps passé ensemble, elles ont eu une pensée émue pour le Dr Thomson, décédé récemment. « C’est en quelque sorte son héritage. C’est un hommage qui lui est rendu à bien des égards, car son rêve était que nous soyons réunies ici », a déclaré Aly.
Un acte de générosité a changé sa propre vie de manière incroyable – et maintenant, elle espère que le fait de partager son histoire aura un effet boule de neige.
« Une personne entendra cette histoire et pourra changer le cours d’une vie pareillement », a déclaré Catherine. « Pour moi, c’est ça, la puissance de l’aide. »
