De la résilience à la célébration : l'histoire de Lucy
À travers les fêtes et les moments marquants comme l'Action de Grâce, il est naturel de vouloir célébrer avec nos proches. Mais la résilience face à la souffrance nous empêche de vivre pleinement. Comment célébrer autant pour Lucy et sa famille quand la souffrance assombrit le quotidien?
Issue d'une famille sierra léonaise de six enfants, Lucy, 14 ans, aime les sciences et veut devenir médecin. Sa mère, Isatu, confirme : « Lucy adore l'école. Même lorsqu'elle n'y est pas, elle aime étudier. Après l'école, elle mange, puis elle retourne étudier et faire ses devoirs. »
À la maison, elle est une joie pour sa famille.
« Lucy fait beaucoup de choses à la maison... elle aide au ménage et à la cuisine », explique Isatu. « C'est une fille très serviable », ajoute Aminata, sa maîtresse d'école. « Si elle vous rencontre vers le ruisseau en train de faire votre lessive, elle va vous aider. Elle vit en bas du village, mais chaque fois qu'elle rencontre quelqu'un en train de cuisiner, elle lui vient en aide. »
Son bon cœur et son caractère serviable sont appréciés de tous, et on imagine facilement Lucy réaliser son rêve de devenir médecin.
Mais ces dernières années, Lucy a été confrontée à une situation qui a menacé ses rêves futurs - et même sa vie.
D'un simple mal de dent à une tumeur
L'affection a commencé par une souffrance aiguë à l'une des dents de Lucy. La dent endolorie a fini par tomber, mais la douleur est restée.
« Elle a commencé à gonfler. Je lui ai donné des herbes locales, mais cela n'a pas aidé », explique Isatu. La boursouflure a continué à se développer et a fini par devenir une tumeur osseuse sur sa joue droite, probablement causée par une infection. Aller à l'hôpital aurait pu l'aider, mais « nous n'avions pas l'argent pour y aller », témoigne Isatu.
Cacher ou ignorer une tumeur faciale est impossible ; elle peut évoluer et causer des dommages physiques qui transformeront le cours de la vie. En l'espace de quelques années seulement, les effets étaient déjà ancrés.
Le Dr Didier-David Malis, chirurgien maxillo-facial bénévole qui allait finalement opérer la tumeur bénigne de Lucy sur le Global Mercy™, le navire-hôpital de Mercy Ships, l'a décrite comme « une tumeur importante et destructrice, affectant ses os et ses tissus mous. Il s'agit d'une tumeur agressive, qui pourrait modifier son apparence d'un point de vue fonctionnel et visuel, ce qui aurait un impact sur ses relations avec les autres et provoquerait un dysfonctionnement au niveau de la déglutition et de l'élocution. La tumeur a également affecté l'œil en l'éloignant de son lit" ».
Dr Malis a ajouté qu'en l'absence d'intervention chirurgicale, la tumeur aurait continué à se développer au point de provoquer des obstructions des voies respiratoires et, en fin de compte, la mort par suffocation.
Selon une publication de la Bibliothèque nationale de médecine des États-Unis, le pays d'origine de Lucy, la Sierra Leone, est confronté à une grave pénurie de soins bucco-dentaires et d'enseignement de la spécialité dentaire. L'état de Lucy s'est entre autres aggravé en raison d'un manque de soins médicaux et de formation appropriés. Heureusement, le gouvernement de la Sierra Leone s'efforce de renforcer son système de soins chirurgicaux et dentaires par le biais de partenariats stratégiques avec des organisations comme Mercy Ships, qui se concentrent sur l'enseignement, la formation et la mobilisation pour la santé long terme.
La résilience face à la douleur
Malgré sa personnalité brillante et chaleureuse, Lucy s'est renfermée. La douleur l'a amenée à s'absenter fréquemment de l'école, où ses camarades de classe se sentaient de plus en plus mal à l'aise face à son état.
« Lucy est audacieuse, mais lorsque les autres enfants ont commencé à se moquer d'elle, elle est devenue de plus en plus silencieuse », se confie sa mère, affligée de voir sa lumineuse fille, autrefois brillante, s'éteindre lentement.
C'est à cette époque que la famille de Lucy a entendu parler de Mercy Ships par Educaid, une organisation à but non lucratif qui éduque et héberge des étudiants vulnérables, et qui gère également des écoles comme celle de Lucy.
On the day of Lucy’s admission to the Global MercyLe jour de l'admission de Lucy sur le Global Mercy, le navire-hôpital de Mercy Ships amarré en Sierra Leone, Lucy et sa mère sont arrivées en avance, pleines de joie.
L'intervention chirurgicale a été lourde : il a fallu retirer la masse et reconstruire le contour de son visage à l'aide d'os prélevés sur sa hanche.
« Nous devions reconstruire la structure osseuse et les tissus de soutien et faire en sorte qu'elle puisse fonctionner assez confortablement », explique le Dr Malis.
L'opération de Lucy a duré 5 heures, nécessitant une équipe de 4 chirurgiens et du personnel infirmier... et ce fut un succès!
Cependant, son rétablissement n'a pas été une partie de plaisir. Elle a dû porter une sonde d'alimentation et elle souffrait. Mais avec le temps, Lucy a commencé à jouer avec les autres enfants de l'hôpital du navire. Elle aimait faire des bricolages, comme des avions en papier et des bracelets. Lucy et d'autres patients ont été vus en train de danser lors de soirées organisées par les infirmières bénévoles. Selon elles, « ce genre d'activités aide à remonter le moral des patients, qui se concentrent ainsi sur autre chose que l'hôpital ».
Reprendre confiance en soi
La présence constante de sa mère, la visite de sa jeune sœur Sally, et l'implication de l'équipe de bénévoles ont aidé Lucy à se rétablir rapidement. Les infirmières ont remarqué sa forte personnalité.
« C'est la première personne qui m'a fait danser au travail, car lorsqu'elle voulait qu'on fasse quelque chose, on le faisait! », témoigne Jeri Harper, infirmière pédiatrique. « Elle est gentille avec les autres. Elle est devenue le centre de tout ce qui se passait dans ce service ».
Une nouvelle vie pleine de possibilités
Après s'être complètement rétablie et avoir quitté le navire-hôpital, Lucy a été accueillie chez elle par une foule enthousiaste. Stupéfait par sa transformation, son oncle n'a pu s'empêcher de s'exclamer : « Lucy! Lucy! C'est bien toi? »
« Elle est redevenue comme avant! Elle va vers les autres, se fait des amis et continue d'aider les autres comme avant, et même davantage qu'avant. Elle est vraiment merveilleuse maintenant », déclare Bangura, son père qui l'a accueillie à son arrivée.
Bien qu'elle ait beaucoup manqué l'école, son professeur principal affirme qu'elle rattrape rapidement son retard dans les cours. L'école croit en la philosophie de l'Ubuntu : « Je suis parce que nous sommes », et ses camarades de classe n'hésitent pas à lui donner un coup de main.
En peu de temps, Lucy a repris confiance en elle. « Je ne me sentais pas bien quand j'avais cette masse sur le visage, j'avais honte parce que j'étais la seule à avoir un tel visage. Maintenant, après l'opération, je me sens bien », se réjouit-elle.
Plus important encore, Lucy était impatiente de retourner à l'école et de réaliser son rêve. « L'école me manque tellement. Ma matière préférée à l'école est la science [et les mathématiques]. Je veux devenir médecin plus tard parce que je veux aider les gens malades ». Maintenant qu'elle est guérie et en bonne santé, plus rien ne peut freiner ses ambitions.
En cette fin de semaine de l'Action de Grâce, nous célébrons l'abondance sur nos tables avec nos proches. Rappelons-nous de celles et ceux qui ont surmonté des défis au cours de leur vie et qui peuvent maintenant célébrer leur joie d'une santé restaurée.
Dansez comme Lucy dans un esprit de gratitude et de fête! Joyeuse Action de Grâce!